mardi 24 décembre 2013

LE JOURNAL DE SPIROU NOËL 1955, COUVERTURE SIGNÉE FRANQUIN + Réveillon de Noël 1968 en avion (Air France Orly) + Conseils pour le réveillon de Noël 1971 + Étrange fiction fantastico-onirique (ORTF) de 31 minutes pour le réveillon de Noël 1958 (Les Trente Glorieuses - Segment 6).



JOYEUX RÉVEILLON DE NOËL 2013 !






Le jeudi 22 décembre 1955 parait ce numéro du Journal de Spirou spécial Noël, avec un magnifique dessin de couverture signé Franquin, le papa de Gaston Lagaffe et du Spirou des années 50 et 60. C’est l’un des plus beaux dessins de son auteur et, à mes yeux, la plus belle couverture de Noël du Journal de Spirou, ex aequo avec celle du numéro de Noël 1953 (toujours signée de Franquin) et du numéro de Noël 1976 (signée Mittéï). Sur ce dessin qu’on peut qualifier sans exagération de chef-d’œuvre, on peut constater toute la science picturale de Franquin, sa propension à installer une ambiance pleine de vie au cœur d’une architecture citadine pittoresque d’une rigueur stylistique absolue, propre à son auteur. L’atmosphère bienheureuse d’un 24 décembre au cœur du centre-ville est fort bien rendue, alors que le réveillon de Noël est en cours, ou approche (il n’était pas rare, dans les années 50-60, que les familles chrétiennes jeûnent durant la journée puis commencent vers 20 heures le réveillon avec des amuse-gueules en attendant de se rendre à la messe de minuit. Puis, seulement après y avoir assisté, attaquent le repas principal. D’où la tradition des réveillons se terminant très tard dans la nuit, ou tôt le matin). Revenons au dessin. Certains personnages pressent le pas afin de ne pas arriver en retard au repas, là où d’autres flânent encore devant les vitrines illuminées des magasins. Les enfants quant à eux sont en admiration devant l’immense sapin décoré. Enfin, les plus croyants s’approchent de l’église pour suivre la messe de minuit qui va bientôt débuter. 


Parmi ces fervents on peut reconnaître Spirou et Fantasio accompagnés de leur fidèle Spip. Quant à ceux qui pressent le pas, on s’attardera sur le personnage barbu marchant à coté de la vitrine de la librairie « Les beaux livres », un carton à dessin sous le bras : c’est Yvan Delporte, rédacteur en chef durant les années 1956-1968 qui est ici parfaitement croqué. On appréciera aussi les fêtards près des deux pompes à essence (typiques des années 50), ainsi que le personnage solitaire assis sur le banc pas loin du couple d’amoureux qui semblent ne rien voir d’autre que leur bonheur. On admirera aussi les passants qui se saluent chapeau bas, le couple guindé qui consulte le menu du restaurant (avant sans doute d’entrer), et les trois voitures caractéristiques des « trente glorieuses » : la Renault 4CV luxe et la Citroën 2CV dans le centre-ville, la Simca Vedette Chambord en haut à l’extrême gauche, derrière les maisons en bordure du fleuve, là où un passant au chapeau près du réverbère semble bien seul.

En décryptant le dessin on peut ressentir tout le plaisir que Franquin a eu à l’élaborer. Il ne faut pas oublier que ce numéro de Spirou est resté une seule semaine en kiosque. Puis a été remplacé par le suivant. Le numéro n’a existé qu’une semaine et a disparu à jamais. Uniquement disponible maintenant dans d’obscures brocantes ou éventuellement sur des sites de ventes aux enchères. Rien à voir avec la destinée tranquille d’un album qui sera réédité régulièrement, de décennies en décennies. Tout ce travail perfectionniste de la part de Franquin pour une simple couverture de magazine éphémère ! Et pour une somme d’argent probablement dérisoire. De nos jours, de très nombreux dessinateurs de BD existent, avec un talent souvent renversant. Mais ils ne travaillent généralement pas pour des clopinettes, ils suivent des plans marketing chapeautés par leur maison d’édition afin de vendre au mieux leur album (et leur carrière). Quel artiste de notre époque pourrait avoir l’abnégation de Franquin en cette année 1955, prenant plaisir à réaliser pendant des heures (des jours ?) une couverture passagère avec un dessin aussi génial, aussi fouillé, aussi magique, tel un artisan peaufinant son ouvrage, juste pour le plaisir du geste ?

Veuillez trouver ci-dessous l’agrandissement de ce dessin unique, scanné par mes soins à partir de mon exemplaire personnel.



Magie du Journal de Spirou de l'âge d'or (hélas révolu aujourd'hui) ! Magie de Franquin ! 





« ÇA SE PASSAIT DANS LES « TRENTE GLORIEUSES... »
 (LA SUITE…)


RÉVEILLON DE NOËL 1968 EN AVION À AIR FRANCE ORLY.
Document : actualités ORTF. Réalisateur : Jean Michel Pontramier



On peut quand même voyager en avion ET réveillonner, non ? Vous l’avez rêvé, Air France l’a fait !



CONSEILS POUR LE RÉVEILLON DE NOËL 1971
Document : Normandie actualités ORTF. Journaliste : Aimé Maillol




La charmante madame Lacroix, monitrice d’enseignements ménagers (ça ne s’invente pas !), nous rappelle les joies simples d’une décoration à la bonne franquette, avec des produits fait maison (ou peu chers). Eh oui, en 1971, même si c’était déjà la société de consommation, l’on était encore loin du merchandising de notre époque consumériste actuelle. Et pas de Made in China ! La manière dont la table et la pièce sont décorées me rappelle mon enfance à cette période bénie, quand ma mère, ma grand-mère et ma tante organisaient les fêtes de Noël et du jour de l’An au cœur de la grande maison familiale, dans la joie d’une époque insouciante. 



LA DAME DE NOËL, FICTION FANTASTIQUE DE 31MN DANS SON INTÉGRALITÉ (RÉVEILLON DE NOËL 1958)
Scénariste Marcel Moussy. Réalisateur Marcel Bluwal  ORTF






En cette époque lointaine de la télévision française, l’ORTF savait encore être créative malgré des moyens techniques dérisoires. On était loin de la débauche d’argent actuelle concernant notre télé pleine de technologie, de cynisme, et de vide. Pour notre réveillon du 24 décembre 2013 le service public nous offre ce soir sur France 2 une soirée de bêtisiers… Houa ! Quel progrès ! Décidément, c’était mieux avant ! Pour la soirée de réveillon du 24 décembre 1958 l’ORTF innovait, en nous offrant ce conte étrange, La dame de Noël, situé dans les limites de temps exactes de sa diffusion. Tourné en extérieurs, notamment à Colombes, Neuilly-Plaisance et Bobigny, le film captive par sa nature insolite. On appréciera à volonté la "2 chevaux" omniprésente dans l'histoire, emblématique des Trente Glorieuses.



BON NOËL À TOUS !


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