mardi 24 juillet 2012

La vérité sur la mort de Jim Morrison enfin révélée.




La tombe telle qu'elle était lorsque
je m'y rendais (avec le fameux
 buste disparu depuis)
Admirateur de la musique des Doors à partir de 1983, en particulier des deux premiers et du dernier album du groupe, mon imaginaire fut rapidement plongé dans le rock contestataire de la fin des années 60, avec tout ce qu'il impliquait comme clichés, avec évidemment l’omniprésence de leur leader Jim Morrison qui, véritable icone de son vivant, le devint encore plus à sa mort. Intéressé par la vie et les poèmes de ce chanteur/écrivain je fis, bien entendu, le pèlerinage incontournable sur sa tombe. En septembre 1984 le fameux buste, qui disparaîtra quelques années plus tard, était encore présent (selon une rumeur persistante il fut volé par un ou plusieurs fans légèrement excessifs. Mais, finalement, il semblerait que la réalité soit plus prosaïque : la sculpture aurait été retirée sur ordre administratif car abîmée par des actes répétés de vandalisme hystérique). Je me souviens aussi de ces touristes envahissant le cimetière du Père-Lachaise à la recherche de la sépulture tant fantasmée, dont certains, pensant que j'étais fan comme eux, venaient me demander l’emplacement exact au cœur de cet impressionnant Père-Lachaise où sont enterrés tant d’artistes qui ont marqué l’histoire mondiale de l’Art. C’est paradoxalement un lieu de mémoire et de vie, très reposant et agréable, avec tous ces arbres et ces allées gigantesques, que de nombreuses personnes visitent chaque année.

Je pris mes distances avec le personnage Morrison, comme beaucoup d’autres, un peu fatigué par le mythe, d'autant plus lorsque l’exploitation commerciale du roi lézard par les médias devint systématique et hystérique. Mais sa fin restait intrigante. Triste et romanesque. La version officielle de la mort de Morrison a toujours exhalé le parfum rance du mensonge. Dès cette époque, j’avais une idée des vraies circonstances du décès, grâce à mes lectures des écrits d’Hervé Muller qui fut le seul journaliste français à avoir hébergé le chanteur à Paris en 1971. Mais la version officielle restait celle qui hélas apparaissait systématiquement dans les livres ou les films surmédiatisés concernant les Doors (cf. le film totalement ridicule The doors du médiocre cinéaste américain Oliver Stone). Il manquait un documentaire d’envergure capable de faire contrepoids à ce tissu de politiquement correct, en ayant le courage d’aller voir de l’autre coté du miroir. Le miracle eu lieu là où on ne l’attendait pas : à la télévision française, et sur le service public s’il vous plait ! En effet, France 2 diffusa en aout 2009 dans le cadre de son magazine Infrarouge un film réalisé par Michaëlle Gagnet sur une idée de Arnaud Hamelin : Les derniers jours de Jim Morrison. Sans tabous cet excellent documentaire permet d’aller au fond des choses et de mettre un visage actuel sur tous les nombreux protagonistes encore vivants, allant jusqu’au témoignage du pompier qui s’est présenté chez Morrison à l’appel de Pamela Courson pour constater le décès. Et ceux qui doutaient encore de la version officieuse ne devraient plus en avoir aucun face à cette foison de témoignages à l’évidence authentiques, les gens apparaissant non floutés, et sous leur vrai nom.

Jim Morrison et Pamela Courson
La version de la petite amie de Morrison, Pamela Courson, présente sur les lieux lors du décès, et soutenue par la réalisatrice Agnès Varda (on comprend pourquoi à la vision du film) est donc fausse. Jim Morrison n'est pas mort « tranquillement » d’une crise cardiaque dans la nuit du 2 au 3 juillet 1971, sans être sorti de l’appartement qu’il occupait avec sa compagne au 17, rue Beautreillis à Paris. Sur sa déposition policière Courson certifie qu'elle a constaté la mort de Morrison à 6 heures du matin, alors qu’il gisait dans son bain. Hors, peu avant dans la nuit, un DJ nommé Cameron Watson (interviewé dans le doc) annonce au micro de sa boite La Bulle la mort de Morrison, ceci accrédité par de nombreux témoins. Cela vient contredire la version de Courson. Car si on la croit, ce fait authentifié devient impossible : comment la nouvelle de la mort peut-elle filtrer dans une boite parisienne avant qu'elle n'arrive réellement dans l'intimité de l'appartement ? Du reste, la nouvelle est aussi immédiatement diffusée par un journaliste de Radio Luxembourg revenant de la boite en question. Le DJ donne cette info au micro après que deux dealers de sa connaissance lui certifient la nouvelle. Des dealers qui auraient vendu une drogue mortelle au chanteur Jim Morrison ?

Dans le même temps l’actrice Zouzou, relativement connue à l’époque,  certifie qu'elle a vu arriver un ami dealer dans un état de stress, lui disant que Morrison venait de mourir et que, la dope venant de son stock, il avait peur d'être inquiété par la police. La jeune femme a essayé en vain de le rassurer comme elle pouvait. Et bizarrement quelques heures après la mort du chanteur un vent de panique souffla sur le milieu des dealers à Paris. Jean de Breteuil, l'amant français toxico de Courson, quitta précipitamment la capitale pour le Maroc où il mourra deux ans plus tard d'une overdose sans être jamais revenu en France.

L'actrice Zouzou à l'époque des faits

Sam Bernett ancien directeur du Rock' n' roll circus atteste qu'il a vu arriver Jim Morrison dans sa boite cette nuit-là, et qu'il y est resté jusqu'à trois heures du matin. Nouveau témoignage donc qui vient détruire la version de Pamela Courson et Agnès Varda. La boite Rock' n' roll circus (réputée à l'époque pour être le repaire de beaucoup de toxicos et de dealers) communique par un long couloir obscur avec L'Alcazar. Deux serveurs informent bientôt Bennett que quelqu'un a été retrouvé en overdose dans les toilettes de l'établissement et que trois personnes dont une femme sont venus le chercher et l'ont transporté rue Mazarine dans un taxi. 

C'est là que vient le scoop le plus intéressant du documentaire selon moi : un témoin qui ne s'était jamais manifesté médiatiquement (mais bien connu par tous les gens de ce milieu) a accepté de témoigner pour la première fois face à une camera. Elle s'appelle Nicole Gosselin, à l'époque une hippie branchée fréquentant toutes ces boites. Elle a assisté ce soir-là à l'overdose de Morrison dans les toilettes ouvertes. Selon elle il s'est affaissé le dos contre le mur. Elle ne l'a pas reconnu dans l’instant. Mais a vu ensuite des personnes « habillées comme des bourgeois » précise-t-elle, dont une femme (détail intéressant n’est-ce pas ?), venir chercher le corps visiblement déjà mort lorsque le taxi est arrivé. Elle connaît même le dealer qui lui a avoué par la suite lui avoir vendu la dope (selon elle une héroïne hyper pure à 90%). Une vraie bombe, surtout pour un novice comme Morrison qui carburait plutôt à l’alcool. Révélations très troublantes.

Pour résumer, ce que fait d'une manière limpide Hervé Muller dans le reportage, Jim Morrison est certainement venu au Rock' n' roll circus pour réceptionner la drogue que Courson avait l'habitude de consommer, notamment avec son amant Jean de Breteuil. Le chanteur a dû ensuite aller dans les toilettes de L'Alcazar avec l’envie de la tester en la snifant, et cela a provoqué l'overdose, vu qu'il était déjà sous alcool et très fragilisé par des problèmes d'asthmes (ceci attesté par un médecin consulté quelque temps avant). C'est peut-être Varda, aidée par des amis, qui est venue chercher le corps en espérant qu'il était en vie. Puis ils se sont rendus à l'appartement pour le mettre dans une baignoire d'eau glacée, acte bien connu semble-t-il de ceux qui veulent réanimer quelqu'un faisant une overdose. On comprend que Varda garde le silence ou atteste uniquement la version officielle. Car on peut considérer qu’il y a eu non-assistance à personne en danger pour ceux présents ce soir-là, si cette version s’avère exacte. Or, n’oublions pas ce fait très étrange : il n'y a pas eu d'autopsie ! C'est Varda qui a organisé les funérailles en précipitation, avec l'accord de l'ambassade américaine mais dans le secret le plus total. L'enterrement s'est fait discrètement sans aucun journaliste présents. Puis quand tout fut terminé, Varda et Courson, ainsi que le manager des Doors (qu'ils avaient contacté) ont officiellement donné la nouvelle du décès.

A la vision de ce documentaire, en prenant en compte tous ces témoignages qui semblent sincères (dont celui de la mère de Pamela, Pearl Courson, qui décrit la lente descente aux enfers de sa fille, ou celui informatif de la colocataire du couple à Paris, Elisabeth Larivière), les faits semblent évident. Le film est aussi passionnant pour les lieux liés aux événements qu'il montre, dont l’intérieur de l’appartement (ci-contre la photo de sa chambre), par l'extrait sonore qu'il nous fait entendre du dernier enregistrement du chanteur, improvisation faite 16 jours avant sa mort avec deux musiciens de rencontre, ou encore les images rares qu'il nous fait voir, prises en super 8 par Varda en 1970, lorsque Morrison était venu sur le tournage du film Peau d’âne.

Et maintenant ? Que reste-t-il de toute cette affaire en 2012 ? Restent la tombe au Père-Lachaise que chacun peut visiter quand il le souhaite, le silence de Courson qui ne parlera plus jamais puisque elle est morte d’une overdose en 1974, le mythe un peu grotesque du chanteur « chamanique » sacrifié par son époque, et enfin une poignée de disques qui ont marqué plusieurs générations, peut-être pas pour les bonnes raisons.

Au moment de son départ pour Paris, Morrison venait juste de boucler LA Woman, le dernier disque des Doors. Il ne l’a jamais vu sortir puisqu'il est mort quatre mois plus tard. On sait le succès qu'a eu cet enregistrement auprès du public et des critiques. Retrouvons ci-dessous trois extraits de l'album : The WASP (Texas radio and the big beat) où le chanteur se veut ironique face aux valeurs de la religion protestante qui a fondé l'Amérique. Love her madly, inspiration pop qui n'a pas encore renoncé au psychédélisme des débuts. Puis le tragique Riders on the storm, l'un des plus emblématiques morceaux du groupe.

  THE WASP (TEXAS RADIO AND THE BIG BEAT)


LOVE HER MADLY


RIDERS ON THE STORM


JIM MORRISON À PARIS, QUELQUES HEURES AVANT SA MORT. 
Cette photo a été scannée par moi-même à partir de mon exemplaire personnel tiré du magazine Rock and folk de Juillet 2001 (© Alan Rosnay/Stills/Rock and folk)


NOTES

- La photo du portrait de Jim Morrison qui figure en tête de cette chronique est issue du livre JIM MORRISON - PHOTOJOURNAL publié par Frank Lisciandro aux éditions LE CASTOR ASTRAL (pour l'édition française).


LE DOCUMENTAIRE EN QUESTION


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